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Mouvements imprimés à l'air

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Ouverture de l'exposition :

  • mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 15h à 19h ( accès au passage en appuyant sur le bouton P )
  • dimanche de 15h à 19h (attention code accès passage : B780)
  • ainsi que sur RDV pour d'autres jours et d'autres horaires au 06 85 29 62 96

Pour cette première programmation de "progress by", c'est l'artiste et commissaire Claire Colin-Collin qui propose l'exposition "Mouvements imprimés à l’air" qui rassemble des oeuvres de " Ariadne Breton-Hourcq qui photographie des paysages, de Julia Dupont qui photographie des lieux - et parfois des objets - et de Nicolas Chatelain qui crée un lieu avec ses gestes de peintre."
Visuel © Ariadne Breton-Hourcq, Pingshanhu, Chine, 2018.

Mouvements imprimés à l’air *

"Un déjà vu que je n’aurais jamais vécu mais que je reconnaitrais pourtant.
Ces œuvres me font parvenir la mémoire de quelque chose que j’ai oublié.
C'est familier alors que c’est étranger. Est-ce familier parce que c’est étranger ?

Ariadne Breton-Hourcq photographie des paysages. À perte d’échelle. Je ne les connais pas mais je les connais. Ou bien ce sont eux qui me connaissent. Paysages occultés, intérieurs ? Gris, dénivelés. Ils parlent à mon corps. D’un autre temps, peut-être antérieur à celui de ma vie. D’un corps à une autre échelle : pelages, plis de peaux, anfractuosités, étendues, tremblements fossiles. De l'intérieur cellulaire, osseux, jusqu’aux mouvements sismiques. Une écriture du minéral, des cicatrices et des rythmes, des ondes sonores et des sensations fugitives. Vision fantôme, qui m’apparaît en disparaissant. Vision d’une disparition, de ce qui s’estompe, ce qui échappe : vision de l’impalpable.

Julia Dupont photographie des lieux, parfois des objets, avec une précision sensuelle : on perçoit les surfaces, leur matériau, comme si on pouvait les toucher.
Lieux désertés, habités de silence. Comment fait-elle voir le silence, l’épaisseur du silence des espaces ? Ceux-là donnent la sensation de revivre un moment déjà vécu. Ou un lieu vécu en rêve. La question de la fixation de la mémoire parcourt son œuvre : est-ce que les lieux gardent la trace de ce qui y a eu lieu ? Des scènes, des gestes qui s’y sont déroulés ? Des absent.e.s ? Est-ce que quelque chose du présent s’imprime dans l’air ? C’est là que la recherche de Julia me ramène à celle de Chantal Akerman*, dans le désir de rendre visible ce qui ne l’est plus, mais dont, peut-être, les lieux gardent l’impact.

Nicolas Chatelain crée un lieu avec ses gestes de peintre. Ses peintures sont parfois des objets trouvés sur lesquels il agit délicatement, parfois des papiers, parfois des sculptures. Il cherche leur place longuement. Quelle que soit leur nature, elles s’inscrivent précisément dans un espace que leur présence discrète perce ou révèle. Elles viennent le faire vivre, ou elles viennent vivre avec. C’est un geste poétique qui s’adresse à l’espace en l’organisant : en faire un corps, en peinture.
Ses papiers ont la teneur des pierres de lithographie : leur surface douce et fragile, où l’effacement et l’arrachement peignent, semble contenir des strates de mémoire. Le cœur de la peinture est là, dans le moindre : émerveillement incrédule de la couleur qui se dépose à la surface comme un baiser.

Claire Colin-Collin

  • Edgar Allan Poe dans « Nouvelles histoires extraordinaires » - traduction de Charles Baudelaire - cité par Jean-Luc Godard (1930-2022) dans son film « Puissance de la parole ».

  • Chantal Akerman, cinéaste (1950-2015). J’aime écrire son nom. Dans le livre des morts égyptien, il est dit qu’on ne meurt pas lorsque notre corps meurt, mais quand meurt la dernière personne qui a prononcé notre nom.

Ariadne Breton-Hourcq est née en 1959 en Inde. Elle vit à Marseille (13).
Après avoir étudié la photographie et le dessin aux Beaux-arts de Marseille et de Paris, Ariadne Breton-Hourcq part séjourner quatre ans en Chine pour s'initier à la calligraphie dans la région de Shanghai. Parallèlement, elle commence un travail de photographie des paysages du nord-ouest de la Chine et le poursuit pendant plus de vingt ans. Son travail d'encre sur papier est alimenté par ses recherches en tirage argentique et vice-versa. Elle se rend depuis quelques années dans le sud du Maroc pour y réaliser des séries de photographies à développement instantané qu'elle associe également à des encres.

Nicolas Chatelain est né en 1979. Il vit à Rochemonteix (15).
Il a étudié à l’École d’Art du Mans. Sa pratique de peintre s’inscrit toujours précisément dans un espace. Elle s’est déployée en lien avec la promenade, notamment en choisissant pour atelier «n’importe où» : itinérant au travers de la France et de l’Espagne, lors d’une marche de 8 mois, en 2010. Il a exposé à «Sillon» (Itinéraire Art Drôme), à l’Artboretum (Argenton-sur-Creuse), à l’H du Siège (Valenciennes), au Domaine de Kerguéhennec (Bignan). Il a été récemment lauréat du Prix Matsutani (Fondation Shoen).

Julia Dupont est née en 1990. Elle vit entre Avon (77), Paris et le Portugal.
C’est une artiste française lusodescendante, dont la pratique se situe depuis 2016 entre la France et le Portugal. Son travail photographique et vidéo s’attache à des espaces architecturaux et paysagers, en tant que projections matérielles d’un monde intérieur. Son regard analyse l’univers d’habitats spécifiques choisis, et tente de relever les indices de la pensée qui les a façonnés. Ses photographies, fragments d’espaces traversés par du temps, dessinent ses sensations lors de son contact prolongé avec des formes bâties, des objets et leurs histoires. Une présence diffuse et persistante, comme un leitmotiv, revient entre celles-ci, celle de la lumière, qui fait tendre ses images vers le silence et l’abstraction.

Claire Colin-Collin
est née en 1973. Elle vit au Pré-Saint-Gervais (93).
Sa pratique de peintre se prolonge depuis quelques années dans celle d’exposer d’autres artistes.
C’est le désir de peindre - « Je peins ce que j’ai besoin de voir » dit Bram Van Velde ; « I paint what I want to see » dit Philip Guston - qui se poursuit naturellement dans l’envie de voir de plus près certaines œuvres. C’est le désir de faire ensemble : partager le regard qu’on vit habituellement dans l’intimité de l’atelier en créant des lectures de ce qu’on y élabore. L’accrochage devient le lieu où mettre en forme ensemble une sensibilité, comme faire une peinture en commun.
Ces connivences trouvent également leur espace dans la parole : https://subitoradio.com

œuvres exposées / ariadne breton-hourcq

œuvres exposées / julia dupont

œuvres exposées / nicolas chatelain