Exposition solo / passée
Blue Jean
progress gallery accueille la première exposition solo de Jean-Michel à Paris
"Présenter Jean-Michel équivaut à expliquer une blague : l’exercice est périlleux et le résultat souvent absurde. Si vous l’interrogiez, l’artiste vous dirait sûrement qu’il est un type comme tout le monde, qu’il n’aime pas faire de vagues et que la plupart du temps, il préfère rester seul. Mais si jusque-là son existence était banale, Jean-Michel s’est depuis peu découvert une passion nouvelle : le voyage. Il est récemment parti au Mexique, puis en Thaïlande en quête de paysages exotiques et d’aventures nouvelles. Plus que des carnets de bord dans lesquels Jean-Michel viendrait conter ses découvertes et ses péripéties, ses peintures évoquent ses rêves de lointains ailleurs.
Jean-Michel est une fantaisie. Il est le fruit d’une rencontre entre deux peintres, Sophie Varin et Antoine Carbonne. Avec cet artiste fictif, il et elle composent à quatre mains une personnalité originale. L’un.e d’elleux, esquisse un paysage ou une figure et l’autre compose en fonction de ce que ces premiers traits lui évoquent. Ici, il ne s’agit ni d’une accumulation, ni d’une synthèse mais de la naissance d’une voie nouvelle. Jean-Michel est donc à envisager comme une tierce personne plus qu’une synthèse de la créativité des deux peintres. Mis bout à bout, ces échanges graphiques laissent poindre un personnage archétypal, un homme pas méchant mais un peu complaisant. À les entendre, on pourrait presque croire qu’iels viennent tout juste de le croiser. Iels en parlent avec beaucoup de tendresse et suffisamment de sarcasme pour faire de lui un parfait anti-héros. Peu à peu, on devine les contours de sa personnalité. On comprend que Jean- Michel est un type à côté de ses pompes. Un mec qui n’est pas spécialement nostalgique mais qui a du mal à saisir ce que peuvent bien vouloir les gamin.es d’aujourd’hui.
Jean-Michel est un personnage autant qu’un paysage, il est le sujet et l’objet de la peinture. Très narrative, celle-ci reprend les codes des storyboards et des planches de bandes-dessinées. Chaque toile est pensée comme s’il s’agissait d’une case. Elle abrite un gros plan sur un détail, une intrigue ou un dénouement. L’histoire se déploie, elle saute du bois à la toile et vient parfois même directement occuper le mur. Jean- Michel flotte dans ces peintures. Si bien que Sophie Varin et Antoine Carbonne parlent d’une peinture atmosphérique, en opposition à une peinture qui serait davantage descriptive. Iels s’accordent à dire que Jean-Michel aime peindre la banalité de son quotidien. Mais il semblerait qu’elleux s’amusent à compliquer un peu les choses, à le mettre en difficulté pour qu’il se retrouve malgré lui dans des situations souvent invraisemblables.
Pour les deux artistes, qui s’épanouissent par ailleurs dans leur pratique respective, Jean-Michel est une sorte de refuge. Ces peintures sont des gourmandises, elles n’ont pas à être sérieuses ou productives, elles n’ont aucune responsabilité. Jean-Michel est un espace créatif où la contrainte n’est plus, où seul le plaisir est bienvenu."
Camille Bardin — Mai 2022