Résidence d'artiste / passée
La verrière
"Pour ma première résidence artistique, j’ai choisi de peindre un thème extrait de la série des Ateliers: la verrière. Cet élément architectural porte en lui l’image archétypale de l’atelier d’artiste. Durant 3 semaines, je vais tenter de peintre une verrière sur un format de 2 x 2,50m.
La Progress Gallery me donne l’occasion de peindre à une autre échelle, de tester mon travail hors de ses limites habituelles, celles d’un coin de cuisine du onzième arrondissement de Paris. Du tableau de chevalet, je passe à un tableau dont les dimensions peuvent se mesurer à celle d’un lieu. Je qualifierais ce tableau d’oversize, car en réalité il est trop grand pour moi, il me dépasse, il n’est pas à la taille de ma pratique. Trop grand pour mon lieu de travail, mon lieu de vie, mon lieu de stockage. J’ai installé ma pratique dans le quotidien, dans une régularité et une réalité qui m’appartiennent. Je travaille à mon échelle. Je ne cherche pas nécessairement à rompre le fil du quotidien en courant les résidences. Pour moi l’aventure est ailleurs, c’est à dire ici-même. L’artiste doit rester dans la cité. J’habite à 2 rues de la Progress Gallery, dans le même quartier. Faire un léger pas de côté, changer légèrement de point de vue, tout en poursuivant la logique de ma recherche.
Je n’ai pas d’atelier et pourtant j’en peins. Je n’ai pas plus de galerie. J’en peins également à travers la série des Galeries vertes. Pour la résidence la galerie se transforme en atelier, j’y peindrais une grande verrière, celle de l’atelier qui m’échappe. Le tableau, châssis de bois et toile de lin tendue, est une œuvre mobile. La verrière, elle, est un élément architectural immeuble. Ma verrière, telle que je l’imagine sera une peinture sans atelier, une œuvre sans mur, un tableau sans réserve. Je cherche à fabriquer un objet détaché de tout contexte, un objet nomade et orphelin.
Pour «décrocher» encore d’avantage le tableau à la réalité tangible, j’ai demandé à Thomas & Thomas, vidéastes, de faire un petit film qui sera une sorte de prolongement de mon travail, un objet périphérique, un satellite. Il pourra être présenté en fin de résidence et transportera l’histoire de La verrière en-dehors des limites picturales du tableau à travers d’autres rectangles, sur la toile.
Pour accompagner La verrière, le temps d’un accrochage, je présente quelques pièces plus anciennes et jamais exposées comme le diptyque Atelier côté nord/ Atelier côté est (collection privée) et mon premier volume Atelier mobile.
Durant la résidence, j’ai aussi réalisé un dispositif mural AT R, un nouvel atelier mobile entièrement noir et opaque et un prototype de chaise. Cette pièce peinte en jaune se pose dans un entre-deux, entre mobilier fonctionnel et sculpture fictionnelle."
Gilles Elie