salon de progress #3 / exposition duo / passée
salon de progress #3 / La tempête
Pour le troisième "salon de progress",
Pauline Bazignan et Vanessa Fanuele investissent l'espace de la galerie avec La Tempête .
" Après La Tempête...
De l’envie d’échanger entre elles une peinture parce qu’elles sont amies et qu’elles apprécient réciproquement leur travail est née l’idée de cette exposition. Mais plutôt que de se contenter d’un échange d’œuvres existantes, Pauline Bazignan et Vanessa Fanuele ont décidé de faire de ce simple geste d’amitié l’enjeu d’une aventure créative. Les deux artistes se sont ainsi accordées pour travailler chacune de leur côté à partir d’une œuvre de référence, en l’occurrence La Tempête de Giorgione, et, par la suite, d’échanger l’une des peintures réalisées.
Daté entre 1506 et 1508, conservé à l’Accademia de Venise, le chef-d’œuvre de l’Italien est, on le sait, l’un des tableaux les plus énigmatiques de l’histoire de l’art. Objet de diverses analyses et interprétations, il interroge, il intrigue, et le regard que portent ordinairement sur lui les peintres participe à en accuser le mystère. Il en va ainsi de Pauline Bazignan et de Vanessa Fanuele. Tandis que la première l’appréhende dans un rapport d’immédiateté sensible, la seconde l’aborde davantage de façon conceptuelle. Quand l’une s’en est prise aussitôt à s’intéresser au format de la toile, à sa composition et à sa chromie, l’autre, architecte de formation, s’est appliquée à vouloir en connaître l’histoire et à questionner le sujet du tableau.
Travaillant à plat sur des toiles découpées, quasiment au format de l’original, Pauline Bazignan a opéré en montant chacune de ses peintures par étapes, accordant plus d’intérêt au paysage qu’aux figures, simplement traitées comme des spectres pour en accentuer le caractère d’énigme. Focalisant sur le thème de la tempête, par nature dévastatrice, Vanessa Fanuele quant à elle s’est fixé pour objectif de faire littéralement disparaître les figures dans d’amples et tourmentés flux de peinture. Alors que l’une procède comme par arrachement, l’autre multiplie les voiles, en quête de trouver chacune le geste approprié à leur perception et à leur ressenti respectifs.
Parce que « le luxe de la peinture est de prendre son temps et celui du peintre de lui donner le sien », Pauline Bazignan et Vanessa Fanuele nous convoquent ici à lui consacrer le nôtre, en considérant encore une fois la vitalité pérenne de celle-ci. Que le tableau de Giorgione soit ainsi le prétexte à telle partition prospective en dit long de la pérennité d’un mode de penser qui n’aura jamais fini de nourrir l’esprit."
Philippe Piguet